jeudi 29 mai 2008

Quand ça ne marche pas

Parfois, sans raison, le sort s'entête. On prend des risques et ça ne marche pas. Ce n'est pas grave, on est déçu et on passe à autre chose. On se dit juste que merde, on prend des risques et rien!

Ça peut s'appliquer à plein de domaines : professionnel, personnel, culturel, que sais-je...

Et là, je suis dans ma semaine de risques pris, qui ne débouchent sur rien. Ce qui me casse le moral au plus haut point. En fait non. Ça ne me casse pas le moral au plus au point. Ça me déçoit petit bout par petit bout. Ce qui fait à un moment que je devient vraiment une chose mollassonne. Et le fait de retourner travailler chez Derhy ne va pas du tout améliorer cet état de fait, bien au contraire.

Alors, quand ce soir, au cours de théâtre, j'attaque des scènes qui devaient fonctionner, et qu'elles ne fonctionnent pas, je me dit que ça suffit, je ne dois plus être cette chose molle qui se déplace. Merci à l'ami qui m'a reçue hier et qui m'a dit que "ça ne se voit pas", ça m'a au moins rassurée, je ne porte pas ça sur moi.

Pourtant je ne devrais pas. Je n'ai fini mon contrat à la Comédie Française que vendredi dernier. Quelques jours de blanc ne devraient donc pas m'effrayer. Et si, ça ne manque pas. J'ai ce sentiment de revenir à la case départ. Alors que non. Et du coup, me revoilà dans les vagues.

Il est grand temps que je rebondisse, le quotidien des intermittents est fait de ces alternances. Et il faut que je sache dire non aussi pour réussir à aller là où je veux et dois aller. C'était ma phrase "méthode Coué"... On y croit on y croit!

lundi 26 mai 2008

Quand on s'interroge sur la beauté

Travailler sur un texte qui s'appelle Les confidences d'une laide amène à s'interroger sur la beauté. Le rapport qu'ont les gens avec, et particulièrement moi.

Hé oui. Parce quand on vous dit, alors que vous êtes très motivée, en cours de théâtre, pour travailler dessus "Mais voyons, tu ne peux pas jouer ça, tu ne colles pas du tout au personnage!", je me suis posé la fameuse question de l'enlaidissement.

Pourquoi et comment vais-je me rendre laide? A quoi cela va m'amener? Et donner de l'épaisseur au personnage?

Ça commence à peu près comme ça :

"N'y allons pas par quatre chemins, entrons de suite dans le vif du sujet, je suis ce qu'on appelle communément un boudin."

Effectivement, je n'ai jamais vécu cela. J'ai eu cette chance. A chacun ses défauts physiques, moi on se moquait un peu de mes oreilles, mais ça n'a pas duré. Et puis on m'a trouvé jolie. J'ai fait en sorte que ça soit le cas. Pas toujours, mais bon, je suis une fille et j'aime ça, les bidouilles de coquetterie, le maquillage, les fringues, les bijoux, ce genre de choses.

Du coup, forcément j'ai eu du mal à m'identifier à ce personnage, qui a cependant cette simplicité sympathique que j'apprécie.

Mais comment va-t-on me regarder? Le théâtre est bien sûr toujours une question de regard de l'autre sur votre travail. Cependant, je me demande si parfois il n'y a pas jugement. Jugement dépréciatif parce "qu'on n'a pas le droit" de faire ces choses.

Comment juger qu'on a le droit ou pas de faire ce que l'on a envie?

L'un des désavantages de la beauté (je ne parle pas forcément de la grande beauté parfaite mais de la "joliesse" mais je ne sais pas si ça existe) c'est, comme pour tout le monde en soi, qu'on vous met dans une case, sans avoir cette possibilité d'en sortir. Comme le coup des sourires qu'on vous demande dans la rue, comme si c'était gratuit, un dû en quelque sorte. Mais non. Ce n'est pas parce que je suis jolie que je dois ça aux gens que je croise à un feu rouge. Certainement pas. Et pourtant, il y a ce rapport, et on se fait presque engueuler quand on ne répond pas! Sans parler de ces mecs bizarres qui vous suivent, mais ça c'est une autre histoire... Et ça ne concerne pas que les jolies filles d'ailleurs.

Bien sûr, la beauté a ses avantages indéniables, évidemment. Et les jolies filles ne pourront pas nier qu'elles s'en servent, chacune à son échelle, et à l'échelle de sa beauté, mais tout cela est non négligeable. Le tout c'est de l'assumer et de ne pas se justifier continuellement.

Enfin, comme vous pouvez le constater, le fait de travailler sur ce texte me fait réfléchir à beaucoup de choses. Je ne sais pas si ça me fait avancer, mais au moins, ça permet de mettre des mots dessus. Et surtout, ça lance un défi.

vendredi 23 mai 2008

Quand on va voir "Juste la fin du monde"

Juste la fin du monde, ou la pièce française que je préfère. Ma pièce préférée tout court même.

Un texte de Lagarce. Un homme rentre dans sa famille, pour leur annoncer qu'il va mourir. Sur cette base, rien de bien réjouissant. Mais une écriture rythmée, mélodique. Répétitive. Construite comme une chanson.

Et parce que ce texte reflète tout ce que l'on peut penser de la famille, des craintes existentielles, de la mort plus ou moins proche. Tout cela nous fait écho.

Pour cela, les acteurs n'ont qu'à se laisser porter par le texte. Et ils le font bien. Bien sûr, on cherche toujours qui a le plus tiré son épingle du jeu. Et là, un équilibre. Parce que le texte est magnifique.

Je pensais réussir à en dire plus. Mais je n'ai que les mots de Lagarce qui raisonnent dans mes pensées.


"– Plus tard‚ l’année d’après
– j’allais mourir à mon tour –
j’ai près de trente-quatre ans maintenant et c’est à cet âge que je mourrai‚
l’année d’après‚
de nombreux mois déjà que j’attendais à ne rien faire‚ à tricher‚ à ne plus savoir‚
de nombreux mois que j’attendais d’en avoir fini‚
l’année d’après‚
comme on ose bouger parfois‚
à peine‚
devant un danger extrême‚ imperceptiblement‚ sans vouloir faire de bruit ou commettre un geste trop violent qui réveillerait l’ennemi et vous détruirait aussitôt‚
l’année d’après‚
malgré tout‚
la peur‚
prenant ce risque et sans espoir jamais de survivre‚
malgré tout‚
l’année d’après‚
je décidai de retourner les voir‚ revenir sur mes pas‚ aller sur mes traces et faire le voyage‚ pour annoncer‚ lentement‚ avec soin‚ avec soin et précision
– ce que je crois –
lentement‚ calmement‚ d’une manière posée
– et n’ai-je pas toujours été pour les autres et eux‚ tout précisément‚ n’ai-je pas toujours été un homme posé ?‚
pour annoncer‚
dire‚
seulement dire‚
ma mort prochaine et irrémédiable‚
l’annoncer moi-même‚ en être l’unique messager‚
et paraître
– peut-être ce que j’ai toujours voulu‚ voulu et décidé‚ en toutes circonstances et depuis le plus loin que j’ose me souvenir –
et paraître pouvoir là encore décider‚
me donner et donner aux autres‚ et à eux‚ tout précisément‚ toi‚ vous‚ elle‚ ceux-là encore que je ne connais pas (trop tard et tant pis)‚
me donner et donner aux autres une dernière fois l’illusion d’être responsable de moi-même et d’être‚ jusqu’à cette extrémité‚ mon propre maître."

Juste la fin du monde
, J-L Lagarce

mercredi 21 mai 2008

Quand on fait un bilan

C'est souvent l'heure des bilans. Mais là, c'est celui de la fin de contrat. Eh oui. Presque trois mois chez les tailleurs, le temps passe si vite !

En trois mois donc :

- j'ai appris à faire des jolis points de rabattement, ce mot peut ne pas vous sembler très français, mais si vous faites de la couture à la main vous comprendrez

- je ne crois pas être beaucoup plus rapide, mais je pense que j'arrive mieux à m'organiser dans mon travail

- j'ai de la corne au bout de mon index et de mon pouce droits

- mais je me pique toujours au moins une fois par jour

- j'aime faire des points de chausson, des poches passepoilées, des brides de boutons, des brides tout court

- je n'aime pas poser des têtes de manche, sauf quand elles se placent toutes seules, cas exceptionnel, et je n'aime pas non plus rabattre les doublures, c'est hypnotisant, mais ça fait partie du jeu

- je réalise que j'ai quand même beaucoup progressé

- je n'arrive pas à plier mes doigts comme il faut, mon chef me dit que j'aurai des problèmes plus tard, mais je pense que c'est déjà le cas

- je ne pourrai pas faire ce métier de tailleur toute ma vie, déjà, c'est trop répétitif, et puis, mes doigts ne suivront pas, je pense que je ne serai jamais rapide non plus, moins lente certes mais rapide non, et puis... je ne pourrai pas, trop loin de moi

- le sentiment de se sentir à sa place a fait place à son opposé, à la fois je me sens bien, et à la fois je sais qu'à long terme ça ne me conviendrait pas, il me manquerait la création

- je crois qu'il faut continuer dans les ateliers un temps pour maitriser la technique, mais aussi trouver des compagnies pour créer vraiment les costumes, le métier est là!

- je n'ai vraiment pas choisi une voie facile, mais bon, j'y vais!

Et voilà... Et comme je disais l'autre fois, j'ai vraiment plein de trucs à raconter, demain peut-être...

lundi 12 mai 2008

Quand pourquoi?

Ces temps-ci, je ne suis plus très souvent ici. Une part de moi a envie de raconter des choses, ces choses qui semblent si profondément faire sens quand j'y pense et si peu quand je me retrouve devant le clavier, et une autre vagabonde, court, va voir des films, des pièces de théâtre, essaie des jeux, voit des amis, va aux cours de théâtre, essaie d'apprendre ses textes tant bien que mal... Essaie de trouver du temps pour elle aussi. Ça vient et ça repart.

Alors à la fois désolée d'être absente, et puis pas désolée parce que le rythme de ma vie est chargé en ce moment, et que même si parfois je me perds un peu, je réalise que ce n'est pas plus mal, tant que je n'explose pas. Parce que les périodes de vide à combler, que je comblais sans mal mais en brassant du vide, je connais, et je ne veux pas y retourner. Je ne veux connaître que l'ennui des vacances que l'on savoure parce qu'exceptionnelles, des week ends que l'on improvise. Je veux avoir cette plage de liberté dans ma vie que je ne retrouve plus ces temps-ci, mais qui reviendra, quand j'arriverai à faire le ménage convenablement.

J'ai besoin de me laisser du temps pour parler, et du temps pour me taire. J'ai besoin de choisir ces moments.

Finalement non, je ne suis pas désolée, mais je vous dis quand même à bientôt, et bonne nuit!

Quand on se brosse les dents

Jusque là tout est normal. Tout le monde se brosse les dents. Enfin non, justement, pas tout le monde et c'est un problème mais ce n'est pas là le sujet.

La brosse à dent. Là est le sujet. Ce qui peut sembler un objet purement banal aux yeux de la plupart des gens m'interpelle. J'adore l'objet brosse à dents.

Parce qu'en soi, une brosse à dents n'a rien d'exceptionnel. C'est un objet utilitaire, un objet du quotidien dont on va se servir sans même se rendre compte. Un rite obligatoire.

J'ai besoin de dédramatiser ces rites obligatoires. J'ai besoin de trouver une étincelle de fantaisie dans le quotidien. Alors oui, en cuisine, je peux rire quand je sors mes plats du four avec des maniques en silicone en forme de cochon. Mais, dites moi, qui trouve un peu de fantaisie dans sa brosse à dents?

Je déteste toutes ces brosses à dents qui se tordent, ces brosses à picots pour la langue, ou pour se glisser derrière la gencive ou je ne sais quoi encore. Peut-être que ce sont vraiment des révolutions techniques? Peut-être. Mais moi, ma brosse à dents, je demande simplement... qu'elle me brosse les dents! Ni plus ni moins. Surtout que je trouve qu'une brosse à dents trop sophistiquée a tout bêtement le design d'une basket, ou d'une tennis tout autant sophistiquée, mais moche. Ou alors d'un pneu. Tout dépend. Bref, moi je trouve ça moche.

Par contre, dans les brosses à dents que vous voyez au dessus (oui je sais la verte n'est pas très propre, mais je n'arrive jamais à rincer complètement le dentifrice), j'aime le design simple, efficace, l'arrondi, la courbure, la qualité du plastique, et... la couleur bien sûr! Elle est là ma fantaisie.

Et puis, j'en ai plusieurs, je garde les vieilles, on ne sait jamais, j'en aurai peut-être besoin un jour pour faire de la peinture, nettoyer un bijou, que sais-je?

Et vous, vous en avez comme ça, des objets du quotidien que vous aimez plus que les autres?

vendredi 2 mai 2008

Quand on va voir "Ciao Stefano"

Une envie d'air frais (cinématographique s'entend), un rendez-vous annulé, et je suis allée voir le film que j'avais vraiment prévu d'aller voir, Ciao Stefano, de Gianni Zanasi.

Stefano donc, c'est lui, au premier plan. La trentaine bien sonnée, c'est un musicien de punk italien. Un soir, après un concert terminé trop tôt, il tombe sur un musicien avec sa copine. Il ne lui en faut pas plus pour partir, retrouver sa famille près de Rimini. Chambouler son quotidien et le leur par la même occasion. Surtout que leur quotidien est déjà bien branlant.

Ciao Stefano, c'est léger, c'est drôle, souvent absurde et parfois un peu tragique. Ce n'est pas un grand film, mais un film agréable, qui détend, même si certains passages sont un peu longs et inutiles. Ceci dit, on les passe outre pour garder la bonne humeur de ce film, de ces Italiens qui se chamaillent mais qui s'aiment, de cette famille touchante qui ne sait pas comment se parler. Et puis, on retiendra les personnages, que les acteurs jouent vraiment très bien, avec, signalons le aux garçons, une très jolie Italienne qui joue Michela, la soeur de Stefano.