De temps en temps, j'aime à aller au cinéma toute seule. Je ne sais pas pourquoi je cherche presque systématiquement à ce que quelqu'un m'accompagne. Parce que j'aime vraiment y aller seule. Aussi.
Et ce soir je suis allée voir Ceux qui restent, d'Anne Le Ny.
Bertrand et Lorraine ont tous les deux leur conjoint à l'hôpital, leur conjoint atteint d'un cancer. Ils se croisent, s'entraident, se plaisent. Mais la culpabilité de cette attirance est trop forte à vivre. Et tous les deux s'y refusent.
C'est très vite résumé. Mais c'est à peu près ça. Et tout au long du film, la détresse de ces deux êtres se ressent. La détresse de ne rien pouvoir faire pour l'autre qui souffre, la détresse d'être coincé dans un carcan, dans un non-dit face aux sentiments qui s'installent. La détresse et la culpabilité de les ressentir. De plus, deux personnalités s'affrontent, celle de Bertrand (Vincent Lindon, vraiment juste et à fleur de peau) et celle de Lorraine (Emmanuelle Devos, très juste aussi). Bertrand est un roc, il semble dur, inflexible, mais c'est sa seule façon tenir le coup et ne pas craquer. Lorraine est plus solaire, plus vivante et expressive, tellement qu'elle en est agaçante. Elle dit ce qu'elle pense, met le doigt là où ça fait mal, assume son mauvais côté qui ressort avec la maladie de son compagnon. Ils sont faits pour se plaire, tellement opposés.
Anne Le Ny traite tout ça en délicatesse, comme si elle ne voulait pas trop les déranger. Il y a beaucoup de pudeur dans ce film, surtout grâce au personnage de Bertrand, qui en est le fil conducteur. Ses relations avec sa belle-fille sont compliquées, il souffre de la maladie de sa femme, il souffre de la relation impossible avec Lorraine, et il essaie, tant bien que mal, de tenir le cap. Il nous touche dans ses failles et ses faiblesses.
C'est pour lui qu'on va voir ce film. Ce n'est pas pour se faire du mal ni pour pleurer un bon coup, ceci dit, âmes sensibles, prenez quand même vos mouchoirs, ce film est très fort, il a réussi à me faire verser UNE larme, d'un seul oeil (oui oui comme dans Cry Baby) alors que je ne pleure jamais au cinéma. A la rigueur j'ai une boule dans la gorge, rien de plus. Alors méfiez-vous. Mais allez le voir.
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