lundi 19 octobre 2009

Parce que j'ai mon billet...

Et que le stress, comme l'envie d'être au Canada, sont là, j'ai besoin de musique qui me donne la pêche... D'où la playlist "Patate!"

Découvrez la playlist Patate! avec The Clash

vendredi 9 octobre 2009

Ces histoires qu'on nous raconte #11

Aujourd'hui, pas un livre mais un auteur. Je viens enfin de percer le mystère de mon affection pour son écriture.

Car ce n'est pas parce qu'il est norvégien que je l'aime, Erlend Loe. Ca pourrait etre une raison, mon amour de la Norvège et du souvenir qu'elle m'a laissé est inconditionnel, du coup je me suis mise à lire des auteurs norvégiens, pour retrouver un peu l'atmosphère si particulière qui est présente dans ce pays. Qui doit l'être dans les pays nordiques en général, mais je ne peux parler que de ce que je connais. Et ma Norvège à moi doit maintenant être une sorte de rêve, de fantasme, puisque mon voyage là bas remonte à 2000, et que je n'y voyage plus que par les livres.

Et dernièrement, les livres d'Erlend Loe.

Ce que j'aime chez cet auteur, c'est la surprise qu'il nous fait, ce cadeau en quelque sorte. Il nous emmène dans l'absurde, mais un absurde totalement plausible. Quelque chose de cocasse et touchant -voire troublant- à la fois. Je suis littéralement tombée en amour du premier livre que j'ai lu de lui, Naïf, Super.

Je ne sais pas si c'était son premier livre, mais c'est celui qui m'a fait la plus forte impression. On y suit les réflexions du narrateur, personnage principal de l'histoire, dont on ne connaît pas le nom. A la suite d'un choc émotionnel parti de presque rien, une sorte de bagarre avec son frère, son monde et ses certitudes s'effondrent. Plus rien n'a de sens à ses yeux. Ainsi, pour reconquérir sa vie, et savoir quelle direction il doit prendre, il fait des listes. Beaucoup de listes.

J'ai lu tout à l'heure dans une interview d'Umberto Eco pour Télérama que les et cætera des listes que l'on fait, que les auteurs écrivent dans leurs livres, et que tout le monde touche du doigts, ces et caetera là sont tous les possibles, toutes les pièces manquantes qu'on espère un jour trouver, pour combler les vides de nos existences. "Le et cætera, c'est le sublime. Au fond, c'est la définition de Dieu... qui n'est qu'un énorme et caetera !" (Umberto Eco dans Télérama)

Naif. Super. m'a laissé approcher ce sublime. Peut-être que ce n'est pas le cas de tout le monde qui l'aura lu, mais c'est bel et bien le mien. Parce qu'il m'a mise dans un état permanent de ravissement, post-lecture. Je n'avais pas besoin de lire tout le livre sans le lâcher pour le savourer. Comme une tablette de chocolat si bon qu'on en déguste chaque morceau, l'un après l'autre, en prenant soin de la garder sur une semaine ou plus. Ainsi, la surprise du goût est toujours au rendez-vous et le plaisir intact jusqu'à la prochaine fois. Et je sais que je le relirai, je le dégusterai à nouveau, saisie par la surprise et la magie qui opère par ses mots simples, quasi enfantins, car le narrateur retombe dans un état proche de l'enfant qui vient de naître et doit tout apprendre. Et je rirai à nouveau de l'absurdité de certaines réflexions, qui semblent naïves dans la tête d'un adulte, mais le sont-elles dans la tête d'un enfant, finalement ? En un mot, je me laisserai reconquérir, et cueillir.

Je crois que je n'ai toujours pas expliqué pourquoi les romans d'Erlend Loe me touchent autant. Outre la magie si présente dans ses livres, c'est le changement, et le retour à zéro qui me font aimer cette lecture. Cette possibilité entrevue que rien n'est fixé, définitif, et que l'on peut changer. Les deux autres livres que j'ai lus de lui, Doppler, et Autant en emporte la femme, abordent cela aussi. Ce changement radical de vie, qui partent d'une volonté, non pas de fuite, mais de réadaptation à la personne qu'ils sont au moment où c'est nécessaire.

Voilà. J'ai mis le doigt dessus. C'est parce que ça me concerne en fait. Ma vie est dans un état où tout est plus ou moins imprévisible, et où ce projet de changement de vie, ce voyage, prend une place importante, voire centrale, même si ce n'est que temporaire. Et même si je ne sais pas où je vais, je sais que je fais le bon choix. Et ces livres me rappellent que, si plein de choses sont instables chez moi, un de mes buts (dans la vie donc) est sûr, je serai toujours prête à changer de vie, si cela devient nécessaire. J'ai trop d'exemples de gens autour de moi que je trouve aigris et chiants, tout simplement, parce qu'ils n'ont pas su saisir leur chance de changement au moment où elle se présentait à eux. Je ne deviendrai pas comme ça.

Et voilà comment j'ai réussi à parler de moi à travers la littérature. Mais, pour de vrai, Erlend Loe, lisez-en, c'est bien et ça fait du bien.