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vendredi 30 avril 2010

Ces histoires qu'on nous raconte #14

Chaque femme est un roman, d'Alexandre Jardin


A la bibliothèque l'autre jour j'ai emprunté plein de livres, pour le plaisir de toutes les possibilités qui s'offraient à moi... Et je cherchais un livre d'Emmanuel Carrère, mais je ne le savais pas à ce moment-là, je pensais que c'était Alexandre Jardin qui en était l'auteur. Or les deux ne se ressemblent pas du tout, mais là encore, je ne le savais pas à ce moment-là.

Donc, pour ne pas repartir trop dépitée, j'ai pris un livre d'Alexandre Jardin sous mon bras, Chaque femme est un roman.

Dans ce livre, Alexandre loue les femmes qui l'ont fait changer, et aidé à appréhender le monde d'une autre manière. Sur le papier, cela semble très sympathique, mais au fur et à mesure de la lecture, j'ai trouvé ça redondant... Les personnages décrits sont hauts en couleur, réels ou pas, peu importe finalement, mais à un moment ça suffit un peu. On a compris son point de vue. Et son écriture est sans doute trop emberlificotée pour moi. J'aime quand c'est simple, efficace, quand les images parlent d'elles-mêmes et pas quand on a besoin d'ouvrir son dictionnaire toutes les cinq minutes pour comprendre le texte (c'était déjà pour ça que L'élégance du hérisson m'avait agacée). C'est un peu le cas dans ce livre. Je ne peux pas dire trop non plus, la lecture n'était pas affreusement désagréable, mais une chose qui me fait réaliser que la balance penche plutôt du coté moins que plus, c'est que j'étais contente de finir ce livre...

Alors pour la suite on verra, je recommencerai peut-être avec Alexandre, mais avec un vrai roman cette fois !

samedi 17 avril 2010

Ces histoires qu'on nous raconte #13

Et le petit (tout petit) livre d'aujourd'hui, c'est :

Je ne sais pas, de Mathieu Boogaerts


J'ai eu de la chance, pour Noël, en février (eh oui ici on fête aussi Noël en février, surtout quand la famille débarque à ce moment là) ma petite soeur m'a offert ce livre, dédicacé par Mathieu, d'un beau "Bonjour Léa!". J'aime ça. C'est mon livre.

J'ai attendu un peu pour le lire, comme on garde ses chocolats après Pâques parce qu'ils sont jolis... Mais si, vous savez..? Oui hein ?

Eh bien après avoir attendu comme ça, je l'ai englouti en moins de deux temps trois mouvements. Parce qu'en effet, c'est un petit livre. Mais qui permet de mieux cerner le chanteur, Mathieu Boogaerts, son écriture et sa musique, mais pas que. La musique en général. Parce qu'il nous parle de sa démarche. Il y a un petit côté "recette de cuisine" qui donne un côté plus artisanal, concret, à la création, et gestation des chansons. Mais on lit aussi au travers des lignes le perfectionniste, qui ne laisse pas sortir sa chanson si elle n'est pas exactement ce qu'elle doit être, ou si elle ressemble trop à, ou a un air de... On se rend compte de la peine d'être un artiste parfois (souvent?) se pose trop de questions, et cultive son unicité par trop de moyens. Pour au final parfois n'être que le reflet de lui même. C'est vrai aussi pour Mathieu Boogaerts. Mais là où c'est touchant, c'est que d'une certaine façon, il l'admet. Et il a aussi cette remise en question à chaque album, comme s'il remettait sa vie en jeu. Même s'il cultive l'art de l'artisanat, justement.

Un être de paradoxe comme je les aime, ce Mathieu.

samedi 10 avril 2010

Ces histoires qu'on nous raconte #12

Ça faisait longtemps que je ne vous avais pas parlé de livres. Pourtant ceux que j'ai lus dernièrement m'ont beaucoup touchée. Il valait mieux parce que je lis peu en ce moment. Peut-être le manque de transports en commun. (Et aussi parce que sur les longs trajets de bus je joue à la DS)

En tout cas, voici le livre d'aujourd'hui :
Les déferlantes, de Claudie Gallay

Tempête, sculpture, mort, amour, mer. Les déferlantes c'est un peu tout ça. Claudie Gallay nous emmène dans un univers austère, sauvage, pourtant commun à ceux qui peuvent connaître la solitude des campagnes françaises. On le sait. Mais le lire de cette façon, ces passés lourds de conséquences, ces histoires de famille qu'on se balade de l'enfance à la vieillesse...

Tout ça, plus une écriture dure, mais coulante, comme pour exorciser la douleur, un chant d'amour, un chant d'adieu. La beauté des amours naissantes, le temps qui apaise la peine de celles qui disparaissent.

Ce livre, lu dans une période pas forcément facile pour moi, a été une respiration, l'affirmation de ce que je savais : la possibilité des choses, le jour nouveau qui arrive plein de promesses, même dans les difficultés. C'est lire entre les lignes, mais c'est ce qu'on y trouve. Un optimisme qui passe à travers la peine, la tempête, les éléments qui se déchainent. Cet optimiste, cette vie après tout, vient comme une récompense, un soleil après la pluie.

Oui j'ai aimé et recommande, et je dirais... Peu importe le moment de votre vie, ce livre est de ceux qui font réfléchir, et qui portent.

vendredi 9 octobre 2009

Ces histoires qu'on nous raconte #11

Aujourd'hui, pas un livre mais un auteur. Je viens enfin de percer le mystère de mon affection pour son écriture.

Car ce n'est pas parce qu'il est norvégien que je l'aime, Erlend Loe. Ca pourrait etre une raison, mon amour de la Norvège et du souvenir qu'elle m'a laissé est inconditionnel, du coup je me suis mise à lire des auteurs norvégiens, pour retrouver un peu l'atmosphère si particulière qui est présente dans ce pays. Qui doit l'être dans les pays nordiques en général, mais je ne peux parler que de ce que je connais. Et ma Norvège à moi doit maintenant être une sorte de rêve, de fantasme, puisque mon voyage là bas remonte à 2000, et que je n'y voyage plus que par les livres.

Et dernièrement, les livres d'Erlend Loe.

Ce que j'aime chez cet auteur, c'est la surprise qu'il nous fait, ce cadeau en quelque sorte. Il nous emmène dans l'absurde, mais un absurde totalement plausible. Quelque chose de cocasse et touchant -voire troublant- à la fois. Je suis littéralement tombée en amour du premier livre que j'ai lu de lui, Naïf, Super.

Je ne sais pas si c'était son premier livre, mais c'est celui qui m'a fait la plus forte impression. On y suit les réflexions du narrateur, personnage principal de l'histoire, dont on ne connaît pas le nom. A la suite d'un choc émotionnel parti de presque rien, une sorte de bagarre avec son frère, son monde et ses certitudes s'effondrent. Plus rien n'a de sens à ses yeux. Ainsi, pour reconquérir sa vie, et savoir quelle direction il doit prendre, il fait des listes. Beaucoup de listes.

J'ai lu tout à l'heure dans une interview d'Umberto Eco pour Télérama que les et cætera des listes que l'on fait, que les auteurs écrivent dans leurs livres, et que tout le monde touche du doigts, ces et caetera là sont tous les possibles, toutes les pièces manquantes qu'on espère un jour trouver, pour combler les vides de nos existences. "Le et cætera, c'est le sublime. Au fond, c'est la définition de Dieu... qui n'est qu'un énorme et caetera !" (Umberto Eco dans Télérama)

Naif. Super. m'a laissé approcher ce sublime. Peut-être que ce n'est pas le cas de tout le monde qui l'aura lu, mais c'est bel et bien le mien. Parce qu'il m'a mise dans un état permanent de ravissement, post-lecture. Je n'avais pas besoin de lire tout le livre sans le lâcher pour le savourer. Comme une tablette de chocolat si bon qu'on en déguste chaque morceau, l'un après l'autre, en prenant soin de la garder sur une semaine ou plus. Ainsi, la surprise du goût est toujours au rendez-vous et le plaisir intact jusqu'à la prochaine fois. Et je sais que je le relirai, je le dégusterai à nouveau, saisie par la surprise et la magie qui opère par ses mots simples, quasi enfantins, car le narrateur retombe dans un état proche de l'enfant qui vient de naître et doit tout apprendre. Et je rirai à nouveau de l'absurdité de certaines réflexions, qui semblent naïves dans la tête d'un adulte, mais le sont-elles dans la tête d'un enfant, finalement ? En un mot, je me laisserai reconquérir, et cueillir.

Je crois que je n'ai toujours pas expliqué pourquoi les romans d'Erlend Loe me touchent autant. Outre la magie si présente dans ses livres, c'est le changement, et le retour à zéro qui me font aimer cette lecture. Cette possibilité entrevue que rien n'est fixé, définitif, et que l'on peut changer. Les deux autres livres que j'ai lus de lui, Doppler, et Autant en emporte la femme, abordent cela aussi. Ce changement radical de vie, qui partent d'une volonté, non pas de fuite, mais de réadaptation à la personne qu'ils sont au moment où c'est nécessaire.

Voilà. J'ai mis le doigt dessus. C'est parce que ça me concerne en fait. Ma vie est dans un état où tout est plus ou moins imprévisible, et où ce projet de changement de vie, ce voyage, prend une place importante, voire centrale, même si ce n'est que temporaire. Et même si je ne sais pas où je vais, je sais que je fais le bon choix. Et ces livres me rappellent que, si plein de choses sont instables chez moi, un de mes buts (dans la vie donc) est sûr, je serai toujours prête à changer de vie, si cela devient nécessaire. J'ai trop d'exemples de gens autour de moi que je trouve aigris et chiants, tout simplement, parce qu'ils n'ont pas su saisir leur chance de changement au moment où elle se présentait à eux. Je ne deviendrai pas comme ça.

Et voilà comment j'ai réussi à parler de moi à travers la littérature. Mais, pour de vrai, Erlend Loe, lisez-en, c'est bien et ça fait du bien.

vendredi 11 septembre 2009

Ces histoires qu'on nous raconte #10

Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows

J'ai lu quelque part que, pour être dans les bonnes conditions pour lire ce livre, il faut avoir un thé et un muffin à portée de main. C'est exactement ça.

Pour faire court et vous parler de l'histoire sans trop en dire : 1946, Juliet est écrivain, elle vit à Londres. Dans cette année post-guerre elle cherche quel pourra être le sujet de son prochain roman, elle qui écrivait auparavant avec un ton humoristique pour faire ne serait-ce que sourire les gens pendant cette dure période. Par un heureux hasard de courrier et de circonstances, elle découvre l'existence du Cercle Littéraire des Amateurs de Tourtes aux Epluchures de Patates (eh oui tout ça) sur Guernesey, une des îles anglo-normandes. Elle décide alors de s'y rendre pour en apprendre plus sur ce cercle et ses participants.

C'est un livre qui se présente comme une suite de correspondances. Des lettres que les protagonistes s'écrivent. Ils en disent petit à petit un peu plus sur eux. On les découvre en même temps qu'eux, on partage leurs doutes et leurs pensées. Tout simplement comme si on lisait une suite de lettres, et l'histoire avance par ce biais.

Ces livres-correspondances ne sont pas si courant, et j'ai dû en lire une ou deux fois seulement, n'étant tout simplement pas fan du style. Mais ici c'est différent. Peut-être le contexte, l'histoire plus prenante que les dernières fois, cette période d'après-guerre qui m'était jusqu'alors inconnue... J'ai pris un grand plaisir à suivre cette jeune femme qui mène sa barque de façon non conventionnelle, qui veut vivre sa vie avec passion malgré les temps difficiles.

vendredi 17 juillet 2009

Ces histoires qu'on nous raconte #9

Dans mes yeux, de Bastien Vivès

Ce que j'aime à mon anniversaire, c'est qu'on m'offre des livres. Les gens qui me connaissent savent que j'aime qu'on m'en offre et en général choisissent bien. Parmi ceux de cette année, il y a eu Dans mes yeux, de Bastien Vivès.

Je connaissais le blog du jeune homme, ça faisait longtemps que j'avais envie de lire Le goût du chlore, et que je ne l'avais pas fait. Alors quand j'ai eu le livre dans les mains, j'étais ravie. A peine les premières cases lues j'ai pu aussi savourer la référence que j'avais lue la veille (pour lire "le goût de l'iridium" il faut aller du côté "lire" du billet, sous le calendrier).

Vivès donc. Un trait épuré, des cases non définies, une lecture qui suit le point de vue du narrateur, de ses yeux donc. Ce qui est intéressant c'est qu'on ne l'entend pas lui, enfin on ne le lit pas. Quand la demoiselle lui parle on ne connaît pas ses réponses, on les devine. Ce qui fait qu'on s'attache ici à l'essentiel : les gestes trahis, les regards, l'extérieur des choses qui définit l'intérieur en quelque sorte. Ce qui est beau ici aussi c'est la rencontre, la découverte amoureuse. Tout en délicatesse.

Bien sûr, pour apprécier ce genre de BD, il faut avoir plongé un peu dedans, dans la bande dessinée "auteur" plus intimiste. Parce que l'histoire ici est facile à résumer... Un garçon rencontre une fille qui lui plaît, il la revoit. Rien de nouveau à l'horizon. Mais le procédé, lui, nous emmène là où on ne nous avait pas encore emmenés. Une belle découverte pour moi.

vendredi 12 juin 2009

Ces histoires qu'on nous raconte #8

Le mec de la tombe d'à côté, de Katarina Mazetti


Pour poser l'histoire de départ, il suffit d'imaginer. Vous êtes tranquillement sur la tombe de votre mari, comme presque tout les jours. A côté d'une tombe grotesque et surchargée. De temps en temps vous croisez l'homme qui vient se recueillir sur la tombe d'à côté. Un gars un peu rustre qui vient arranger les fleurs en même temps. Les mains pleines de terre. Une casquette affreuse. Et pourtant... Un sourire et la magie opère.

Voilà. Un livre pour raconter l'histoire de Benny et Désirée. Benny le paysan un peu plouc et Désirée la bibliothécaire cultivée un peu snob. Ils évoluent dans deux mondes différents et pourtant l'attraction est toujours là.

Cela pourrait ressembler à n'importe quel roman à l'eau de rose, mais ce n'est pas le cas. Une écriture franche et crue, simple et efficace. Pas de chichis là-dedans. S'il faut foncer la tête baissée, fonçons !

Et s'il faut lire ce livre... Lisons !

mercredi 3 juin 2009

Ces histoires qu'on nous raconte #7

Je vais carrément tricher, vu que je ne me tiens pas du tout à ce que je m'étais fixé... A savoir, vous parler d'un livre tous les vendredis.

En soi, ce n'est pas grave, puisque je n'ai pas le rythme de lecture adéquat en ce moment, mais je tenais à vous faire partager celui que je viens de finir tout à l'heure, en rentrant chez moi en RER (plus pratique que le métro pour lire, malgré l'odeur).

Le sang du monde, de Catherine Clément

Ce livre est la suite du Voyage de Théo, de la même auteure. Je ne l'ai pas lu, je ne vous en parlerai donc pas, mais l'histoire y fait beaucoup écho. Rencontres de personnages introduits dans le premier livre, réflexions des personnages sur ce fameux "voyage".

Et un voyage ici, en voilà un. Théo, devenu médecin, et presque violemment écologiste, décide de parcourir le monde avec sa tante Marthe, à la fois pour la soigner, mais aussi pour alimenter un dossier qu'il prépare pour bénéficier d'une bourse pour l'environnement. A travers cette quête, d'informations, de soi, de l'amour aussi, se dessine un voyage initiatique. Où tout est en jeu. L'écologie, la protection de l'environnement, la disparition des ressources naturelles, l'avancée des déserts, la mer d'Aral qui n'est plus qu'un cimetière. Mais aussi les relations entre les peuples. Les points de vue de ceux qui se sont fait asservir, et qui se reconstruisent une identité propre, le point de vue de ces occidentaux qui essaient de remettre le monde un peu dans l'ordre, mais sans se rendre vraiment compte qu'en imposant leur façon de faire aux autres, ils les asservissent... Même si c'est "pour leur bien et celui de la planète".

Un livre riche, qu'il est parfois difficile de suivre. Qui donne envie d'en savoir un peu plus sur l'environnement et l'écologie, pour ne plus s'arrêter seulement à "éteindre les lumières quand on sort de la pièce" et "trier ses ordures". Mais aussi sur l'histoire de ces fameux peuples, au moment où ils se sont réaproprié leur identité. En Inde, dans le Nunavut.

Et des personnages attachants. Humains, bornés, énervants. Mais touchants. Et touchés, eux aussi.

samedi 9 mai 2009

Ces histoires qu'on nous raconte #6

Au menu en cette toute fin de vendredi (oui on est samedi mais pour moi c'est encore vendredi) :

Sacrées Sorcières, de Roald Dahl

Un des livres que j'ai le plus lu de ma vie. Peut-être plus d'une dizaine de fois. Je suis une inconditionnelle de Roald Dahl. En fait, pas une vraie de vraie, je n'ai pas lu tous ses livres. Un certain nombre, mais pas tous. Mais son univers est assez merveilleux. D'où peut-on imaginer que les vraies sorcières n'ont pas d'orteils ? Il invente aussi des pays où les géants boivent de la Framboisine et à la place de bulles qui iraient vers le haut dans cette boisson, elles iraient vers le bas pour vous faire péter et bondir quand vous la buvez.

C'est décalé, ça développe un imaginaire très fort, et c'est encore drôle chez les adultes (enfin les jeunes adultes, mais je sais déjà que ça passera des générations si j'ai des enfants un jour). Je n'ai découvert Charlie et la chocolaterie que très récemment, et lu en VO ça a quelque chose de magique aussi.

Mais revenons-en à Sacrées Sorcières. Ce livre, qu'a-t-il de plus finalement ? Ces personnages de contes et légendes, les sorcières, s'inscrivent dans la réalité, le quotidien. Elles sont caissières, travaillent dans une banque, sont institutrices même. Le mal est parmi nous. On ne peut pas les distinguer des autres femmes sauf si on a les indices nécessaires. Et surtout... Il faut les empêcher d'agir et d'exécuter leur plan diabolique...

Pour cette histoire, pour l'écriture de Roald Dahl et pour les dessins de Quentin Blake, il faut le lire, surtout si vous ne l'avez jamais fait. Mais ça s'applique aussi à ses autres livres !

vendredi 1 mai 2009

Ces histoires qu'on nous raconte #5

Dans les temps aujourd'hui, le dernier livre que j'ai lu :

Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil, de Haruki Murukami

Ces derniers temps je collectionnais les déceptions de lecture. Pas de mauvais livre non, mais rien de marquant non plus. Et il a fallu un petit livre pour me réconcilier avec le plaisir de la lecture, Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil, de Haruki Murukami.

C'est un roman simple. Une histoire simple. Un ressenti compliqué. Hajime, un homme qui a presque 40 ans recroise une femme, Shimamoto-san, qu'il a aimée quand elle n'était que sa petite voisine vers leurs 10 ans. A cette époque, elle l'a ouvert au monde, à la culture. Maintenant elle ressurgit et les sentiments de Hajime ne savent plus où aller... Son mariage va-t-il résister à un tel bouleversement ?

Cela pourrait ressembler à un résumé de Harlequin ou de n'importe quel roman à l'eau de rose, mais ça ne l'est pas. Il y a beaucoup de sensibilité dans cette (ces) histoire(s) d'amour. On suit cet homme qui se perd dans les méandres de ses pensées, de ses souvenirs, et qui ne sait quel chemin suivre. On se prend au jeu de ses questionnements. On revisite son passé et on comprend pourquoi cette femme, et pas une autre. Tout ceci dans une écriture épurée, évidente.

Une très belle surprise, qui rappelle par moment Le voyage dans le passé, de Sweig.

mercredi 29 avril 2009

Ces histoires qu'on nous raconte #4

Au menu ce mercredi (avec plein de retard depuis la dernière mais vous ne m'en tiendrez pas rigueur):
Les saisons de la nuit, de Colum McCann

Je reste un peu dans l'esprit de la fiche de lecture précédente (#3) et sa misère humaine. Je vous avais déjà dit que j'aimais beaucoup Colum McCann, vu que Danseur fait partie des livres que j'emmènerai avec moi de l'autre côté de l'Atlantique.

Ici l'atmosphère est tout à fait différente. De Danseur je veux dire. Les milieux que l'on côtoie sont beaucoup plus pauvres, et McCann nous fait voir cette face cachée de New-York. L'histoire se situe dans deux époques différentes, une au début du XXeme siècle, elle voit naître le métro new-yorkais et on suit tous ces travailleurs des sous-sols qui triment sans relâche dans des conditions épouvantables pour un salaire de misère. Il y a un peu de Germinal là dedans.

En parallèle se construit une autre histoire, celle de Treefrog, un sans-abri qui vit dans les couloirs du métro new-yorkais, à la fin du même siècle. Le livre avance doucement dans ces deux directions, et on les suit sans savoir comment et pourquoi elles vont se croiser. On se pose la question sans pour autant être pressé que ça arrive.

McCann est ici, et comme toujours, un magnifique conteur, il plante le décor comme s'il l'avait toujours connu, vécu à l'intérieur même. Il côtoie ces peuples de l'ombre, et écrit sur eux sans complaisance, mais sans dureté non plus.

Ce livre nous emmène loin, alors qu'il ne va que quelques mètres sous terre...

vendredi 10 avril 2009

Ces histoires qu'on nous raconte #3

Pour cette semaine :
Les âmes perdues, de Michael Collins

Si vous aimez ces romans perdus dans le fin fond des Etats-Unis, ces histoires un peu sordides, sans que pour autant l'écriture le soit, ces personnages perdus eux-aussi, ces fameuses "âmes perdues", ce livre est fait pour vous. Sinon, passez votre chemin.

J'ai lu ce livre il y a quelques années, mais j'en garde un excellent souvenir. L'histoire n'est peut-être pas très gaie : une petite fille est retrouvée morte le soir de Halloween après avoir été renversée par une voiture, et un inspecteur qui traverse une période difficile vient enquêter sur sa mort. Mais l'écriture est exactement comme je l'aime : précise, incisive, sans fioriture. Une de celles qui rend vraiment compte de ces atmosphères un peu glauques sans pour autant que ça repousse le lecteur, non, on est dedans.

Cependant, il faut se rendre compte que ce livre, aussi bien écrit soit-il, il ne parle pas que de cette enquête. Il s'attache aussi à décrire la misère au quotidien : la misère affective de ces gens qui ont été abandonnés par ceux qu'ils aiment, la misère de ces petites villes du Middle West qui n'ont que leur équipe de football pour se raccrocher à l'espoir de se sortir de leur immobilisme.

Bref, après s'être (re)plongé dans l'enfance, vous pouvez maintenant vous plonger dans les affres de la misère au quotidien, mais par le biais d'une belle écriture et d'un certain dépaysement, car les petites villes paumées de là-bas ne sont pas celles d'ici.

vendredi 3 avril 2009

Ces histoires qu'on nous raconte #2

Cette semaine :

La triste fin du petit enfant huître et autres histoires, de Tim Burton


Voici un livre que j'ai lu, relu et que je relirai encore. Un nombre incalculable de fois cela va sans dire. Déjà parce qu'il est court, ensuite parce qu'il a des images (ce que j'aime, rappelez vous #1) et qu'il est magique, tout simplement.

Un extrait :
The Girl with Many Eyes

One day in the park
I had quite a surprise.
I met a girl
who had many eyes.

She was really quite pretty
(and also quite shocking!)
and I noticed she had a mouth,
so we ended up talking.

We talked about flowers,
and her poetry classes,
and the problems she'd have
if she ever wore glasses.

It's great to now a girl
who has so many eyes,
but you really get wet
when she breaks down and cries.

Des personnages étranges et poétiques. Décalés. Complètement hors normes même. Des dessins dont les traits accompagnent parfaitement les personnages. Quelque chose de doux et délicat, mais en même temps qui assume ses étrangetés. Du Burton pur. On aime ou pas.

Je suis moi-même très sensible à cet univers encore enfantin, où l'on s'attache aux personnages et à leurs histoires. Ce petit livre d'une centaine de pages se lit et se relit encore et encore. Un peu comme on relirait son Petit Prince une fois tous les 2 ans, pour voir ce que nous apporte la nouvelle lecture, et se plonger encore, avec délectation, dans les rêveries enfantines.

Dans le même registre de nos madeleines, on retrouve Roald Dahl, avec ses Sacrées Sorcières, son Bon Gros Géant, Charlie et la Chocolaterie... Et des illustrations de Quentin Blake très chouettes !

vendredi 27 mars 2009

Ces histoires qu'on nous raconte #1

Je ne suis plus trop là, c'est un fait. Non pas le manque d'idées, j'en ai à la pelle, mais la flemme en partie, et surtout le fait que je cours. Tous les jours. Kyo sort de mon corps !!! Excusez moi.

Mais s'il y a une chose que j'ai envie de faire ici, et à un rythme régulier, di
sons que ça peut être la "fiche de lecture du vendredi", vendredi c'est bien non ? 

Et pour commencer... 

Un bonheur insoupçonnable de Gila Lustiger. 

Il va des histoires comme des trésors. Ceux qu'on a parfois envie de garder pour soi, et ceux qu'on partage. Celle-là fut dès le début un trésor partagé, un livre offert par une amie.

Je n'aime pas que les gens disent qu'offrir un livre est une chose aisée. Offrir un livre révèle énormément sur la personne qui offre, et aussi énormément sur ce que pense cette personne de celle à qui elle offre le livre. Comme n'importe quel cadeau bien (ou mal) choisi en fait. Mais pas tout à fait. Parce que ce geste dévoile un bout de ces trésors non partagés qui le deviennent enfin. Et si je pars dans cette description ce n'est pas pour la flatter, mais simplement pour expliquer qu'elle me connaît. Et que sur notre rapport aux livres on se ressemble je crois.

Mais revenons à nos moutons. Dans ce livre, comme l'indique son titre, Gila Lustiger nous parle de bonheur. Pas de celui acquis sur lequel on croit qu'on peut se reposer, non. De sa quête. Des épreuves qui la jalonne. Malgré tout, ce n'est pas un livre sur la peine, mais plutôt sur les peines, ces petites qui font notre quotidien, et comment, en étant là pour les autres, on peut changer leur quotidien à eux. Un livre sur les petites choses en somme. Pas vraiment comme La première gorgée de bière, de Delerm (père), peut-être plus proche de l'esprit du Monde de Sophie, de Jostein Gaarder. Pour cette philosophie accessible et nécessaire. 

Et si on retrouve son âme d'enfant à la lecture... Ce sont pour les images. Bien sûr que vous me comprenez. Ces images qui ont disparu de nos livres dès qu'on a été assez raisonnables pour lire des livres de grands. Sans images. Ici elles sont dessinées par une illustratrice qui a un univers qui me parle beaucoup, délicat et décalé, proche de Burton et de son Petit enfant huître (dont je parlerai la prochaine fois tiens) mais aussi de Quentin Blake, vous savez, celui qui illustre les histoires de Roald Dahl. Cette illustratrice, Emma Tissier, a aussi un blog qui s'appelle Luciolland

Finalement, pour les belles histoires et les belles images, lisez ce livre, vous aurez l'impression de découvrir un trésor...