vendredi 29 mai 2009

Un peu moins de sagesse

Finalement c'est plutôt petit. Toute l'humanité dans quatre dents. Un héritage de nos biens chers ancêtres. Ceux-là mêmes qui se nourrissaient de viande crue avant de connaître le feu. Qui chassaient pour pouvoir manger. Toute une histoire dans des dents qui ne sont même pas si grosses.

Pourtant, quand on se rappelle de nos vieux cours de primaire, les leçons de biologie, 28 dents pour les enfants, 32 pour les adultes, on les voit, les molaires du fond, celle qui poussent avec trois branches. Et là non. Une petite pointe. Toute cette douleur pour ça. Pour cet héritage que je n'ai pas choisi.

Finalement, ce n'est qu'une petite douleur. Une expérience de la douleur. Je ne m'en sors pas si mal. Une dent à la fois. Pour celle-ci deux points de suture, des fils dans la bouche. Des amis qui se marrent hier parce que je suis un peu hémiplégique de la bouche, à cause des anesthésiants. Une certaine difficulté à ouvrir la bouche pour manger. Et étrangement, ce qui m'a le plus déroutée : ne pas pouvoir faire "mmm" avec ma bouche après la pose du rouge-à-lèvres. Le fameux moment où on se frotte les lèvres pour répartir la couche uniformément. Et ce bleu sur la joue. Pas très voyant. Mais présent. Celui qui fait que ce soir je vais dormir la joue droite contre l'oreiller, et pas la gauche, qui en a l'habitude.

Et surtout. Je peux me lamenter... Sur la souffrance impossible qu'est l'arrachage d'une dent de sagesse. Je n'en rajoute jamais. Juste parfois un petit peu. Ou beaucoup. Dépend des gens. Après tout j'ai le droit. Il m'en reste encore deux à faire retirer. Et on m'a déjà dit qu'en bas ça faisait plus mal. Et mon dentiste m'a déjà fait peur en me disant qu'une des deux touchait un nerf. Alors j'ai le droit d'en rajouter, non ?

jeudi 28 mai 2009

En pointillés

Envie de raconter des choses, de vous donner la super recette de caviar d'aubergine que j'ai trouvé sur les vagues de la toile.

Et envie de rien. De ne pas parler, ne pas m'étaler parce qu'en ce moment ce n'est pas "l'éclate". De ne pas penser, de ne pas me chercher.

Pourtant il faut. Faire les choses que l'on doit. Avancer, toujours. Ne pas baisser la garde. Alors qu'on veut seulement se lover quelque part.

Ces fameuses contradictions.

lundi 11 mai 2009

Petit à petit...

Ce coup de gueule de Siro m'a fait réfléchir la semaine dernière. Cette histoire de chance. Et du coup mon commentaire à moi sur la volonté et les ruptures brutales pour avancer. Oui il faut tout lire parce que ce n'est pas le sujet ici. Pas de coup de gueule en vue.

Et la rupture brutale, je suis en plein dedans. L'approche de mes 26 ans joue aussi peut-être. L'âge ne m'effraie pas finalement, je vis plutôt bien le fait de grandir. Payer plus, ça me réjouit un peu moins par contre. Mais tout ça n'est pas une histoire de sous non plus, à mon niveau on gère toujours, comme on peut, mais on gère.

Non. C'est grandir. Ce week-end j'ai eu l'impression de grandir. Regarder les choses avec plus de détachement. Le départ qui se profile à l'horizon. Ce n'est pas lui que je regarde avec détachement, non, mes yeux sont fixés sur lui, ma tête aussi. Mais toutes ces petites choses insignifiantes. Matérielles. Cette chambre que j'ai connue depuis mon enfance et que je cède petit bout par petit bout. Que je me refusais à céder parce que, quelque part, j'avais peur de n'être plus chez moi chez mes parents à un moment. Mais finalement, quels que soient les changements, ma chambre sera toujours ma chambre, et il y aura toujours un "chez moi" qui m'attendra chez mes parents. Je ne sais pas pourquoi j'ai mis autant de temps à l'accepter.

Alors ce week-end j'ai trié, à petite échelle, dans ma chambre. Il me faudra y revenir car les punaises qui accrochent les vieux posters sont difficiles à enlever. J'y laisserai ma trace, mais si elle n'est plus là quand je reviendrai, pas grave, le lit sera là, m'attendra, la fenêtre n'aura pas bougé, et il y aura toujours ce petit bruit d'eau dans le radiateur...

Et dans ma vie doucement, je commence à trier aussi. Les choses essentielles et les autres. Mais ne faisons pas comme si j'arrivais complètement à me maîtriser côté shopping... Les choses que je dois faire. Celles que je fais. Ma liste interne. Celle des choses à faire avant le Canada. Les cases se cochent. Quelque part je suis fière de moi. Des choses avancent. Pas forcément dans le sens où je voudrais, mais elles quittent le stade stationnaire.

Toutes les choses qu'il me reste encore à faire ne sont pas forcément faciles, et tout ce changement à venir me fait vraiment peur en fait, mais petit à petit, par petits bouts, je dompte tout ça. Ça n'empêchera pas la peur de l'inconnu, mais au moins, ça m'aura aidé à me connaître un peu plus, et à me faire grandir.

J'ai beau parler de détachement au niveau matériel, et de tout ça, le jour où il faudra que je vide mon appart à Paris par contre... C'est vraiment une autre histoire. Mais pas pour tout de suite.

samedi 9 mai 2009

Ces histoires qu'on nous raconte #6

Au menu en cette toute fin de vendredi (oui on est samedi mais pour moi c'est encore vendredi) :

Sacrées Sorcières, de Roald Dahl

Un des livres que j'ai le plus lu de ma vie. Peut-être plus d'une dizaine de fois. Je suis une inconditionnelle de Roald Dahl. En fait, pas une vraie de vraie, je n'ai pas lu tous ses livres. Un certain nombre, mais pas tous. Mais son univers est assez merveilleux. D'où peut-on imaginer que les vraies sorcières n'ont pas d'orteils ? Il invente aussi des pays où les géants boivent de la Framboisine et à la place de bulles qui iraient vers le haut dans cette boisson, elles iraient vers le bas pour vous faire péter et bondir quand vous la buvez.

C'est décalé, ça développe un imaginaire très fort, et c'est encore drôle chez les adultes (enfin les jeunes adultes, mais je sais déjà que ça passera des générations si j'ai des enfants un jour). Je n'ai découvert Charlie et la chocolaterie que très récemment, et lu en VO ça a quelque chose de magique aussi.

Mais revenons-en à Sacrées Sorcières. Ce livre, qu'a-t-il de plus finalement ? Ces personnages de contes et légendes, les sorcières, s'inscrivent dans la réalité, le quotidien. Elles sont caissières, travaillent dans une banque, sont institutrices même. Le mal est parmi nous. On ne peut pas les distinguer des autres femmes sauf si on a les indices nécessaires. Et surtout... Il faut les empêcher d'agir et d'exécuter leur plan diabolique...

Pour cette histoire, pour l'écriture de Roald Dahl et pour les dessins de Quentin Blake, il faut le lire, surtout si vous ne l'avez jamais fait. Mais ça s'applique aussi à ses autres livres !

vendredi 1 mai 2009

Ces histoires qu'on nous raconte #5

Dans les temps aujourd'hui, le dernier livre que j'ai lu :

Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil, de Haruki Murukami

Ces derniers temps je collectionnais les déceptions de lecture. Pas de mauvais livre non, mais rien de marquant non plus. Et il a fallu un petit livre pour me réconcilier avec le plaisir de la lecture, Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil, de Haruki Murukami.

C'est un roman simple. Une histoire simple. Un ressenti compliqué. Hajime, un homme qui a presque 40 ans recroise une femme, Shimamoto-san, qu'il a aimée quand elle n'était que sa petite voisine vers leurs 10 ans. A cette époque, elle l'a ouvert au monde, à la culture. Maintenant elle ressurgit et les sentiments de Hajime ne savent plus où aller... Son mariage va-t-il résister à un tel bouleversement ?

Cela pourrait ressembler à un résumé de Harlequin ou de n'importe quel roman à l'eau de rose, mais ça ne l'est pas. Il y a beaucoup de sensibilité dans cette (ces) histoire(s) d'amour. On suit cet homme qui se perd dans les méandres de ses pensées, de ses souvenirs, et qui ne sait quel chemin suivre. On se prend au jeu de ses questionnements. On revisite son passé et on comprend pourquoi cette femme, et pas une autre. Tout ceci dans une écriture épurée, évidente.

Une très belle surprise, qui rappelle par moment Le voyage dans le passé, de Sweig.