lundi 21 avril 2008

Quand on lit 1984

Une lecture longue et lente. Dure. Une évidence de l'écriture et des faits. Un monde réel qui n'existe pas que dans un esprit. Mais sur papier. Et qui se reflète dans notre monde.

1984 de George Orwell est sans doute le livre que presque tout le monde a lu, et que je voulais enfin découvrir. J'ai mis plus d'un mois à le lire. Non qu'il ne m'ait pas plu, bien au contraire. Mais, ne lisant que dans le métro ces temps-ci, à raison de quinze minutes par jour, je ne pouvais pas aller loin... Bizarrement le soir ça ne marchait pas. Je ne voulais peut-être pas que Big Brother s'infiltre dans ma tête avant de dormir.

Sauf ce soir. Ce soir je devais savoir. Et tout s'est éclairé. Puis tout s'est assombri. J'ai su. Plongée dans un monde où le moindre clignement d'œil peut trahir, la moindre pensée peut être synonyme de mort, j'ai eu peur. J'étais même terrifiée. Bien sûr il y a le rapprochement avec notre époque, et c'est trop douloureusement vrai. Comment a-t-il vu tout ça?

Mais ce qui m'a effrayée, c'est ça :

La doublepensée se place au cœur même de l'Angsoc, puisque l'acte essentiel du Parti est d'employer la duperie consciente, tout en retenant la fermeté d'intention qui va de pair avec l'honnêteté véritable. Dire des mensonges délibérés tout en y croyant sincèrement, oublier tous les faits devenus gênants, puis, lorsque c'est nécessaire, les tirer de l'oubli pour seulement le laps de temps utile, nier l'existence d'une réalité objective alors qu'on tient compte de la réalité qu'on nie, tout cela est d'une indispensable nécessité.

Toute la partie qui touche au mensonge me touche. Non pas que je sois une menteuse incontrôlable, non, de ce côté là je ne suis qu'une fille. Mais à moi-même. Continuellement. Pour tout. Cerner les choses désagréables, et les mettre de côté, les unes après les autres. Parfois les ressortir et avoir mal. Et puis recommencer. C'est pour ça que je me dis toujours que ce réflexe m'amènera un ulcère...

Mais ceci dit, je relirai 1984, et j'essaierai de relever tout ce qui a trait à maintenant, et qui est, encore une fois, trop douloureusement vrai.

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