dimanche 27 janvier 2008

Quand on va voir La Vie des autres

Ces derniers temps je ne parle que des films que j'ai vus par ici parce que je passe ma vie au cinéma, ce qui est loin de me déplaire, je souhaiterais même y passer encore plus de temps étant donné le nombre de films à voir sur ma liste de "films à voir".

Dans ceux que j'avais loupés l'an dernier, il y avait La Vie des autres, de Florian Henckel von Donnersmarck. C'était le genre de film que je voulais voir, en ne sachant que très vaguement ce dont il parlait, parce qu'on m'avait dit qu'il était bien. Et puis, la liste "films à voir" étant ce qu'elle est, d'autres avaient toujours la priorité. Jusqu'à ce qu'il ne passe plus. Tant pis.

Et comme chaque année est revenu le festival télérama, qui va me permettre de voir, en plus de Persépolis et La Vie des autres, Les Chansons d'amour, de Christophe Honoré.


La Vie des autres, c'est d'abord un regard. Celui d'Ulrich Mühe, qui joue Hauptmann Gerd Wiesler, un agent de la Stasi, la sécurité intérieure, au début des années 80 en Allemagne. Ses yeux sont transparents et pleins d'une confiance aveugle en son Parti. Il est réglé comme une machine, et efficace comme tel. Seulement, il suffit parfois d'un grain de sable pour enrayer la machine. En mettant un auteur à succès sur écoute, il ne se doute pas que son approche de la vie va s'en trouver considérablement modifiée.

La Vie des autres, c'est ce regard qui change, le sien, le nôtre. Que ferait-on si on se retrouvait à sa place? En soulevant cette question, le réalisateur soulève aussi toutes celles qui ont découlées du soutien des idéologies, le nazisme en faisant partie. Comment vivre en sachant que ce que l'on fait est injuste, et risque de détruire des vies ? Comment défendre des idéaux quand on est dans les rouages d'une machine infernale déjà en marche ? Comment ne pas se poser de questions dans de telles conditions ? Agir. Agir comme on le demande, comme une machine. Une machine efficace ne pense pas. Et Wiesler en est une au début. Mais parfois la grâce survient quand on ne l'attend plus.

A côté de Wiesler qui passe sa vie à écouter et noter, on voit aussi deux personnes qui vivent : l'écrivain Georg Dreyman et sa compagne Christia-Maria Sieland. Le paradoxe est complet, on sait pourtant qu'un seul mot, un seul geste du premier peut jouer sur la vie des seconds.

Un film qu'on voit sous tension permanente, bluffé par le jeu des acteurs, la justesse du point de vue du réalisateur, la prise de risque de faire un film sur le sujet, et secoué (encore) par l'implication personnelle que l'on prend dedans.

Ulrich Mühe est décédé en juillet 2007 à l'âge de 54 ans, des suites d'un cancer. Savoir cela après avoir vu le film m'a touchée encore plus, sachant qu'il finissait sa carrière sur un rôle aussi difficile et remarquable.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah, celui-là aussi je dois le "rattraper". Te lire (ça me fait drôle de te tutoyer mais je vais m'y faire) me donne vraiment envie de le voir. Moi aussi je passe ma vie au cinéma (ou aux concerts), si ça pouvait durer toujours...
Merci en tout cas pour l'accueil, on est bien ici dans les nuages.

Banancosmic a dit…

Djelly > Si ça durait toujours on en profiterais moins... Enfin ceci dit en ce moment y aller souvent ne me déplait pas du tout, je pense juste ne pas pouvoir tenir le rythme à long terme... Et de rien pour l'accueil.