lundi 26 mai 2008

Quand on s'interroge sur la beauté

Travailler sur un texte qui s'appelle Les confidences d'une laide amène à s'interroger sur la beauté. Le rapport qu'ont les gens avec, et particulièrement moi.

Hé oui. Parce quand on vous dit, alors que vous êtes très motivée, en cours de théâtre, pour travailler dessus "Mais voyons, tu ne peux pas jouer ça, tu ne colles pas du tout au personnage!", je me suis posé la fameuse question de l'enlaidissement.

Pourquoi et comment vais-je me rendre laide? A quoi cela va m'amener? Et donner de l'épaisseur au personnage?

Ça commence à peu près comme ça :

"N'y allons pas par quatre chemins, entrons de suite dans le vif du sujet, je suis ce qu'on appelle communément un boudin."

Effectivement, je n'ai jamais vécu cela. J'ai eu cette chance. A chacun ses défauts physiques, moi on se moquait un peu de mes oreilles, mais ça n'a pas duré. Et puis on m'a trouvé jolie. J'ai fait en sorte que ça soit le cas. Pas toujours, mais bon, je suis une fille et j'aime ça, les bidouilles de coquetterie, le maquillage, les fringues, les bijoux, ce genre de choses.

Du coup, forcément j'ai eu du mal à m'identifier à ce personnage, qui a cependant cette simplicité sympathique que j'apprécie.

Mais comment va-t-on me regarder? Le théâtre est bien sûr toujours une question de regard de l'autre sur votre travail. Cependant, je me demande si parfois il n'y a pas jugement. Jugement dépréciatif parce "qu'on n'a pas le droit" de faire ces choses.

Comment juger qu'on a le droit ou pas de faire ce que l'on a envie?

L'un des désavantages de la beauté (je ne parle pas forcément de la grande beauté parfaite mais de la "joliesse" mais je ne sais pas si ça existe) c'est, comme pour tout le monde en soi, qu'on vous met dans une case, sans avoir cette possibilité d'en sortir. Comme le coup des sourires qu'on vous demande dans la rue, comme si c'était gratuit, un dû en quelque sorte. Mais non. Ce n'est pas parce que je suis jolie que je dois ça aux gens que je croise à un feu rouge. Certainement pas. Et pourtant, il y a ce rapport, et on se fait presque engueuler quand on ne répond pas! Sans parler de ces mecs bizarres qui vous suivent, mais ça c'est une autre histoire... Et ça ne concerne pas que les jolies filles d'ailleurs.

Bien sûr, la beauté a ses avantages indéniables, évidemment. Et les jolies filles ne pourront pas nier qu'elles s'en servent, chacune à son échelle, et à l'échelle de sa beauté, mais tout cela est non négligeable. Le tout c'est de l'assumer et de ne pas se justifier continuellement.

Enfin, comme vous pouvez le constater, le fait de travailler sur ce texte me fait réfléchir à beaucoup de choses. Je ne sais pas si ça me fait avancer, mais au moins, ça permet de mettre des mots dessus. Et surtout, ça lance un défi.

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